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Ma vie rêvée - Chapitre 1 - 1ère partie

  • Photo du rédacteur: Marion Laurent Auteure
    Marion Laurent Auteure
  • 21 sept. 2014
  • 4 min de lecture

47 boulevard de la Tour Maubourg, vendredi soir, 20h00 pétantes. Les cheveux en bataille, j’arrive devant une grande porte en bois massif, parfaitement sculptée. Je n'ai pas le temps de sonner que Marie m'ouvre déjà la porte. Elle et son mari habitent ce superbe appartement, depuis leur mariage il y a trois ans, dans le 7ème arrondissement, pas très loin des Invalides. François est avocat, Marie notaire, ils n'ont donc aucun soucis d'argent et leur loft au dernier étage de cet immeuble de style Haussmannien en est la preuve. Une bouteille à la main et un sourire un peu forcé, je m'avance dans l'entrée. Marie est superbe, comme à son habitude. Vêtue d’un petit tailleur pantalon Chanel de couleur prune, elle attrape ma modeste veste Promod de la saison dernière, l'accroche au porte-manteau et m'entraine dans le salon.Tout le monde est déjà installé et il semblerait qu’ils n’attendaient plus que moi.

- Regardez qui vient d'arriver!

- On n’y croyait plus ! Pour une fois, tu es là!!, m'envoie Mélanie en pleine figure.

Mélanie a toujours eu ce franc-parler qui vous met tout de suite, ou non, à l’aise.Mais il est vrai que depuis que je suis célibataire, je vis recluse chez moi.J e refuse systématiquement les invitations de mes amies depuis des mois, prétextant un surplus de travail, un week-end chez mes parents ou une migraine. Mais pour ce soir, Marie ne m’a pas vraiment laissé le choix.

- Aller ne l'écoute pas Laura, ça nous fait plaisir de t'avoir avec nous.

- Merci François, je suis contente d'être là aussi. Ce n’est pas que je ne voulais pas les autres fois mais...j'avais... des choses… à faire.

Je me sens comme obligée de me justifier alors que je sais pertinemment qu’il ne croit pas un mot de ce que je viens de dire. Mais il ne laisse rien paraître, François est un vrai gentleman.

Marie l’a rencontré il y a maintenant sept ans, en soirée. Nous étions toutes les trois célibataires à cette époque et nous avions décidé de faire une virée entre filles. Après quelques verres et un bon repas, Mélanie avait voulu continuer la soirée dans un pub irlandais et Marie n’était pas très emballée par l’idée. Elle n’appréciait que modérément ces ambiances trop« chaleureuses » que l’alcool, coulant à flot, pouvait entraîner. Mais poussée par Mélanie et moi, elle nous avait suivies. Elle nous remercie d’ailleurs encore souvent d’avoir insisté pour cette soirée. François y était avec des amis à lui et il avait tout de suite remarqué notre entrée fracassante. En même temps, qui pouvait l’avoir loupée. Marie avait trébuché sur une petite marche et s’était étalée de tout son long parmi la foule.François s’était alors levé d’un bon pour venir la relever et la magie avait opéré. Ils avaient discuté ensemble toute la soirée et ils ne sont plus quittés depuis ce jour-là. Il est vrai que si François ne me plaît pas forcément physiquement, son charme et sa gentillesse m’auraient faite craquer aussi.

Finalement je suis vraiment contente d'être venue chez Marie ce soir.

- Tu veux boire quelque chose ?

- Un kir, c'est très bien, je te remercie.

Je m'installe sur le bord du canapé en cuir marron qui trône devant la cheminée. La conversation que j'avais interrompue lors de mon arrivée reprend alors son cours. Les hommes tergiversent à propos de la bourse et autres sujets qui ne m'intéressent pas vraiment et les filles s'informent des nouvelles tendances de la mode de cet hiver. Ne sachant plus vraiment à quoi ressemble le shopping, je préfère m'abstenir de commenter de peur d’être hors-sujet. Je commence à me déconnecter lentement de mon entourage tout en continuant à lancer des « ah oui c'est pas mal » ou des« mouais pourquoi pas » dès que les filles me regardent. Mon regard se perd dans ce vaste salon à la décoration très moderne. Malgré une ambiance minimaliste et des couleurs assez froides, Marie et François ont réussi à apporter à cet endroit un étrange sentiment de bien-être. Ou bien est-ce la douce chaleur des braises et l’alcool qui commencent à faire leur petit effet.

- Bon François, je pense que maintenant il est temps de leur annoncer.

Ça y est Marie se lance et son interpellation m’extirpe de mes songes. Elle aborde le sourire des grands jours et je me demande ce qu’elle va bien pouvoir nous annoncer. Un nouveau boulot, un déménagement ? Je suis à mille lieux d’imaginer que le ciel va me tomber sur la tête dans moins de trente secondes.

- Tu crois?

- Oh écoute, je ne peux plus attendre.

- Très bien.

François semble amusé de voir sa femme si impatiente.

- A toi l’honneur ma chérie.

- Je suis enceinte!

Et voilà, le ciel vient de me tomber sur la tête. Le temps d’une seconde mon cœur s’arrête de battre, mes poumons de se remplir d’air. Mon monde s’écroule. Je suis contente pour eux c’est indéniable mais j’ai toujours pensé qu’on vivrait ces moments-là ensemble. Et maintenant que la « machine » est lancée pour Marie, il me semble difficile de suivre le mouvement dans l’immédiat. A moins bien sûr d’avoir recours à un donneur de sperme et de faire un bébé toute seule.

- Oh mon dieu ma chérie !! Je suis tellement contente pour vous ! Depuis le temps que vous essayiez ! s'enthousiasme Mélanie en se levant pour la prendre dans ses bras.

Tout le monde semble vraiment ravi de cette nouvelle, et il faut que j'arrive à sourire et à partager leur joie. Après un serrage dans les bras comme il est coutume de faire et un « Félicitations »un peu forcé, je retourne m'assoir. Un bébé... Les larmes commencent à me monter aux yeux mais je sers les dents pour ne pas les laisser couler. Je suis sincèrement heureuse pour eux et je ne veux pas gâcher leur bonheur. Cependant j'ai du mal à accepter que les autres vivent leur vie dans la joie et le bonheur alors que je n'y arrive pas. C'est très égoïste et je le sais, mais à cette heure,je n'arrive pas à me raisonner.

J’avais tout prévu dans ma tête, je devais me marier à 26 ans, avoir mon premier enfant à 27 et le deuxième à 29.Aujourd’hui j’ai 30 ans et tout à refaire. Anthony avait toujours fait traîner les choses en me laissant espérer que le moment arriverait. Le seul moment qui est arrivé c’est celui où j’ai passé la porte de l’appartement avec mes valises.

 
 
 

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