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Ma vie rêvée - Chapitre 1 - 2ème partie

  • Photo du rédacteur: Marion Laurent Auteure
    Marion Laurent Auteure
  • 30 oct. 2014
  • 8 min de lecture

Le reste de la soirée est consacrée ausujet de l'annonce. De combien de mois est-elle enceinte? Quelle couleur depapier peint choisiront-ils pour la chambre ? Quels prénoms et même quelle école primaire envisagent-il ? Etc… Bref ils ont quasiment tout prévu et celane m'étonne pas. Il fallait voir comment leur mariage avait été organisé. Marie avait déjà prévu la date avant même que François ne lui demande de l’épouser.Mais ce n’était pas vraiment une surprise car ils avaient choisi la bague de fiançailles ensemble. Marie est une fille difficile à surprendre, ou alors dans son sommeil. Elle prévoit tout et aime avoir le contrôle sur tout. C’est bien dans un sens car elle est rarement déçue de la tournure des choses mais c’est triste je trouve. Car même si elle éprouve du plaisir à tout organiser, comme son enterrement de vie de jeune fille, elle espère faire passer le plaisir des autres avant le sien. Est-ce que les autres vont apprécier ? Vont-ils engarder de bons souvenirs ? Etc… Mais bon, si elle prend son pied comme ça, ça la regarde après tout.

Au bout d’un moment, je prends l'excuse de débarrasser la table pour me retirer dans la cuisine et respirer un peu. Toute cette effervescence autour de cet évènement m’indispose. Une fois seule les larmes refont surface et je ne peux les empêcher de couler.

- Ça va Laura?

Marie vient de me rejoindre. J'essuie rapidement mes yeux avant de me retourner et lui faire face.

- Oui oui, ne t'inquiète pas, tout va bien.

- Tu pleures?

- Non j'ai une poussière dans l'œil mais elle a dû partir ça va déjà mieux.

- Arrête Laura, je te connais et tune peux pas me mentir. J'imagine que notre annonce a dû te faire un choc.

- Je t'arrête tout de suite, je suis très heureuse pour vous. Ça faisait un moment que vous essayiez et je suis ravie que ça ait enfin marché. Vraiment je te jure.

- Je n'en doute pas, mais je saisaussi que tu as toujours voulu avoir un enfant avant tes 30 ans et que maintenant que tu es séparée d'Anthony c'est un projet qui est repoussé.

Je serre les dents à nouveau, je ne veux pas craquer mais mes yeux me trahissent. Je sens mes lèvres trembloter et j’enfouis mon visage dans mes mains avant d’éclater en sanglots.

- Allez viens là.

Marie me prend dans ses bras. Alertée par mes pleurs Mélanie débarque à son tour et comprend sans même poser de questions. Elle nous enlace à son tour et nous nous retrouvons dans ce que nous appelons un « triple câlin ».

Après quelques minutes de silence, je meressaisis un peu. Les filles m’embrassent, je les remercie d’être toujours là et nous retournons dans le salon. François vient de déboucher une très bonne bouteille de champagne et nous trinquons à leur future famille. Marie se contente de trinquer au jus de fruits.

Pleurer m'a fait du bien. Mes amies me connaissent et savent ce que j'endure mais je suis soulagée de voir qu'elles me soutiennent encore et toujours. Il faut dire qu’on se connait depuis maintenant 15 ans, depuis le jour où nous nous sommes retrouvées toutes les trois parachutées dans un lycée privé où nous ne connaissions personne. Dès le premier jour de la rentrée où il y a eu comme un coup de foudre amical, nous nenous sommes plus lâchées. Les anniversaires, les soirées, le bac, les réveillons du jour de l’an, les vacances en Grèce, en Tunisie, en Crête, les enterrements de vie de jeune fille, etc… nous avons tout vécu toutes les trois. Mais aujourd’hui, alors que je suis au point mort dans ma vie, j’avais peur qu’elles avancent sans moi ou qu’elles me soutiennent par pitié.

Au moment de partir, Thierry et Mélanie me proposent de me raccompagner mais mon appartement étant à l’opposé du leur, je refuse poliment. Il y a un petit vent froid cette nuit. L’automne arrive à grands pas et la nuit est noire mais je me sens bien. Moi qui rechignais à venir, j’ai finalement passé une très bonne soirée.

La station de taxi est en bas de l’immeuble de François et Marie, juste à côté de la bouche de métro « LaTour Maubourg ». Je m’y dirige tranquillement. Je n’ai jamais eu peur dansles rues de Paris, ni la nuit, ni le jour. Je m’y sens en sécurité et j’adore m’y balader quand il fait beau. Je marche pendant des heures, la musique dans les oreilles et mon esprit vagabondant. Ce que je préfère c’est passer surles ponts et marcher le long des quais de Seine. Je souris en pensant aux beaux jours mais un frisson vient me secouer de la tête aux pieds. Je hèle le premier taxi que je vois et je m’engouffre dedans. C’est un luxe de prendre le taxi, jele sais, mais c’est mon petit luxe, celui que je préfère, le seul d’ailleurs. J’ai l’impression d’être une vedette ou quelque chose comme ça, avec son propre chauffeur. Je m’installe donne mon adresse à l’homme assis derrière le volant et la voiture démarre. Je regarde la ville qui défile sous mes yeux avec toutes ses lumières. J’oublie tous mes problèmes, j’oublie même ma vie pendant ce court instant. Don’t Speak de No Doubt emplit le véhicule et j’ai l’impression d’être dans un film.

J’arrive en bas de mon immeuble, je paie les 12€30 affichés au compteur et je rentre chez moi. Il est 2h du matin, je suis exténuée. Je n’ai qu’une hâte, me faufiler sous ma couette et espérer une grasse matinée. A peine la porte franchie, je me déchausse et tout en continuant de marcher jusqu’à la chambre je me déshabille et envoie valser pull et pantalon. Je m’affale sur le lit et ne prend pas la peine de me démaquiller. Je ferai ça demain, ça ne changera pas ma vie. Ma tête s’enfonce dans mon oreiller et je ferme les yeux. Je ne sais pas pourquoi mais je sens que je vais passer une bonne nuit, la première depuis bien longtemps.

Le soleil semble déjà bien haut quand j’ouvre les yeux. Je m’étire en gémissant. J’ai bien dormi, je me sens reposée. Je glisse hors du lit, attrape au passage ma robe de chambre et file jusqu’à la cuisine. L’évier déborde de vaisselle sale que je n’ai pas pris le temps de laver dans la semaine. Il faudrait vraiment que j’investisse dans un lave-vaisselle mais pour qu’il puisse tenir dans ma cuisine, il faudrait que j’enlève le four. Alors tout compte fait, je vais continuer de faire ma vaisselle à la main. Quand Anthony m’a quitté je n’ai pas voulu rester dans notre ancien appartement, certes beaucoup plus grand que celui-là mais avec trop de souvenirs. J’ai alors plié toutes mes affaires et j’ai pris le premier deux pièces que j’avais trouvé. Je n’ai pas tout le confort des 65m² que nous partagions avant mais tant pis, au moins je suis chez moi.

J’arrive à trouver une tasse pas trop encrasséeet je mets la cafetière en route. Le temps que le café soit prêt, je file dans la salle de bains me faire couler un bon bain chaud. Quand je dis que j’ai pris le premier deux pièces que j’ai trouvé, c’était quand même le premier deux pièces avec une baignoire. Condition sinéquanone ! J’attrape ma bouteille de bain moussant et verse deux bonnes cuillères à soupe. Quand la cafetière signale que le café est prêt, je m’en verse une tasse et au passage mes yeux se posent sur l’horloge du micro-ondes, 13h30. Je lève les sourcils, étonnée. Décidément,le week-end, je prends le temps de vivre. Mais comme je n’ai de comptes àrendre à personne, cela me convient bien. Mon café dans une main et mon téléphone dans l’autre, je m’enfonce dans la mousse de mon bain, bien décidée à profiter encore un peu. Alone en musique de fond, je bois deux gorgées de café et ferme les yeux. La douce et grave voix de Yodélice résonne dans la salle de bains comme dans une cathédrale. J’imagine que dehors les gens sont en effervescence,ce qui me fait apprécier d’autant plus ma passivité.

Je me mets alors à repenser à la soirée d’hier et à quel point j’ai été stupide de pleurer à l’annonce d’une si bonne nouvelle. Note pour plus tard : envoyer un texto à Marie pour m’excuser. Six mois qu’Anthony m’a quitté et je pleure toujours. Il est temps que je me bouge un peu et que j’aille de l’avant. Je ne peux pas continuer comme ça. « La vie continue bon sang ! », me crie ma conscience. Il est temps aussi de penser un peu à moi et d’arrêter de penser à lui, d’arrêter de penser qu’il va revenir et que je lui manque. Il a refait sa vie, avant de me quitter d’ailleurs. A moi de faire pareil et de rencontrer du monde. Malheureusement à Paris, c’est toujours la même chose, les mêmes boîtes de nuit, les mêmes bars. Les paupières toujours closes, mon esprit m’échappe et une plage de sable blanc se dessine alors devant moi. Bizarrement cette plage me semble familière. Moi qui ne me souviens d’ordinaire jamais de mes rêves, celui de cette nuit commence à me revenir. L’horizon bleu s’étalait devant moi, à perte de vue et je me sentais bien. J’ouvre les yeux brusquement,comme frappée par une soudaine prise de conscience. Depuis combien de temps ne suis-je pas partie en vacances ? Et je veux parler de vraies vacances, pasd’une semaine chez mes parents en Bourgogne. Les vraies vacances, celles où le temps n’existe pas, où on laisse la montre sur la table de nuit et où on vit le moment présent. Mr Hubert, mon patron, me rabâche depuis quatre mois qu’il faut que je prenne les deux semaines de congés qu’il me reste. Si avant je n’en avais pas envie, le rêve de cette nuit me fait devenir audacieuse. Allez c’est décidé, lundi je pose mes congés.

Une heure plus tard, me voilà confortablement installée sur mon lit, mon ordinateur portable sur les genoux, à chercher des voyages de dernières minutes. New York, j’adorerais alors peut-être un jour qui sait, mais ce n’est pas ce que je recherche en ce moment. La Tunisie, pas assez loin. L’Amérique du Sud, pourquoi pas ou les Caraïbes. Je tombe tout à coup sur la plage de mes rêves. Et c’est étonnant car elle ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de cette nuit. L’annonce propose 10 jours à Porto Rico pour 1200€ en club formule tout inclus, départ samedi prochain. Parfait ! Il ne me reste plus qu’à retrouver mon passeport, prévenir les filles et faire ma valise.

Il est déjà 19h00 quand je pense à commander à dîner.Je n’ai rien avalé depuis mon café du matin et mon estomac me rappelle à l’ordre. Un coup de fil à l’asiatique du coin et le tour est joué. En attendant ma commande j’envoie rapidement un petit texto à Marie, comme convenu, pour m’excuser et j’en profite pour leur proposer, à Mélanie et à elle, de me retrouver à « La Plage Parisienne » dans le 15ème pour déjeuner le lendemain midi. Après un « Ne t’en fais pas, je ne t’en veux pas du tout pour hier soir, c’était déjà super sympa d’être venue. Ok pour demain c’est chouette que tu sortes un peu. 13h devant La Plage. Je t’embrasse » de Marie et un « Ok demain 13h. C’est cool ! Bisous » de Mélanie, je me cale devant la télé avec mes rouleaux de printemps enfin arrivés. Première chaine, un film d’amour. Je zappe. Deuxième chaîne, une émission sur le mariage. Je zappe. Troisième chaîne, un reportage sur les maternités des grands hôpitaux. Je zappe. Décidément ! Après être passée de chaînes en chaînes, je tombe sur un documentaire animalier qui me convient très bien mais qui a vite fait de m’ennuyer. Allongée dans mon lit, je ne tarde pas à m’endormir la télévision allumée.

 
 
 

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